GRACE [2009]

Date de sortie cinéma : inconnue
Réalisé par Paul Solet
Avec Jordan Ladd, Gabrielle Rose, Samantha Ferris
Long-métrage canadien , américain
Genre : Thriller-horreur
Durée : 01h25min
Année de production : 2008





Synopsis : Madeline Matheson, enceinte de huit mois, est déterminée à accoucher naturellement. Suite à un grave accident, son mari succombe, et le bébé qu'elle porte meurt dans son ventre. Néanmoins, elle décide de mener sa grossesse à terme. Après l'accouchement, le bébé revient miraculeusement à la vie. Pourtant, Grace n'est pas un enfant comme les autres. Le bébé dégage une odeur désagréable, même lorsque ses couches sont vides. Les mouches ont tendance à pulluler autour d'elle comme d'un mort. Et elle refuse le lait de sa mère. Car Gracie semble avoir d'autres besoins...





Critique : Ah, la maternité qui tourne à l'horreur pure, un genre largement porté à l'écran depuis quelques années. Si la référence reste le splendide Rosemary's Baby, le film de Paul Solet atteint sans problème le haut du panier ! Privilégiant l'ambiance et la suggestion à la démonstration trop explicite, Grace est ce qu'il se fait de mieux en matière de thriller horrifique. Sublimées par une musique inquiétante, qui colle parfaitement au film, les scènes chocs s'enchaînent avec brio. La révélation sur les goûts alimentaires du bébé est d'ailleurs l'une des plus marquantes qu'on a pu voir depuis longtemps, brisant les tabous et mettant en exergue cette grande peur viscérale qui tiraille des mères dans le monde entier depuis des siècles. Le réalisateur s'appuie de plus sur une mise en scène solide et inspiré, le montage devenant de plus en plus frénétique au fur et à mesure que Madeline sombre dans la folie. Inspiré, c'est le mot, lorsque Solet juxtapose un filet de sang en train de jaillir d'une plaie et un baby-phone d'où sortent les cris affamés du bébé.





Si les scènes entre Madeline et son bébé se suffisaient déjà à elles-mêmes, le film propose néanmoins une intrigue secondaire dans laquelle la belle-mère se découvre un nouvel instinct maternel, obsédée par la perte de son fils dans l'accident de voiture. Cette femme revêche et autoritaire pense que Grace est en danger avec sa mère folle de chagrin, et va s'autoriser toutes les bassesses pour récupérer l'enfant. Si elle est présentée comme une véritable ordure, sa volonté de sauver le bébé n'est pas vraiment si éloignée du comportement de sa belle-fille. On le voit notamment au détour d'une scène où elle simule un regain de désir sexuel pour son mari, dans le but inavoué qu'il stimule ses seins afin de pouvoir allaiter de nouveau. L'affrontement pour le bébé est donc inévitable, et trouve son point d'orgue dans un climax tout sauf spectaculaire, mais sauvage et brutal à souhait. S'ensuit un semblant de twist final, avec un dernier plan qui risque bien de traumatiser les mères en devenir. L'histoire est ainsi passionnante, le film s'appuyant également sur quelques scènes très malsaines pour laisser un souvenir inoubliable au spectateur.





L'une des plus marquantes restera notamment celle où Grace accepte enfin le biberon, sous le regard émerveillé de sa mère, qui a remplacé le lait par une autre... boisson. Le film se suit donc avec intérêt malgré un scénario très linéaire. Il faut dire que la relation mère/fille dépeinte dans Grace est tout bonnement bouleversante. Voir cette femme brisée s'accrocher aussi fort à son enfant malgré sa nature monstrueuse ne devrait laisser personne indifférent, d'autant plus que la prestation de Jordan Ladd est ahurissante d'authenticité. Après avoir joué les jeunes filles blondes et décérébrées dans Cabin Fever, Club Dread ou Boulevard de la Mort, elle trouve ici son meilleur rôle en dévoilant un talent insoupçonné. Petite mention spéciale également à Gabrielle Rose (Jennifer's Body) dans le rôle de la belle-mère possessive. Petite pépite inédite, Grace est un thriller horrifique comme on aimerait en voir plus souvent, parfois pernicieux mais surtout bien plus profond que l'on pourrait le penser. Car après tout, donner la vie, n'est-ce pas surtout condamner à mort un être vivant ?





Interprétation :
Gore :
Violence :
SFX :
Érotisme :
Histoire :
Intérêt :