PHANTASM [1979]

Déjà responsable de deux long-métrages aux genres très différents (Jim the World’s Greatest, et Kenny and Company), Don Coscarelli, alors âgé de seulement 25 ans, décide de s’atteler à un nouveau genre : l’épouvante. Coscarelli ne se contente d’ailleurs pas seulement de réaliser son nouveau film mais s’attèle également à son écriture, sa photographie, son montage, et à sa production (il intervient ici en tant que co-producteur). Autant dire qu’il met beaucoup de sa personne pour offrir au genre ce qui était, et est encore aujourd’hui, considéré comme l’une des œuvres les plus atypiques des années 70, reléguant ainsi Phantasm au rang de film culte.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins et tant pis si je risque de choquer bon nombre d’entre vous, mais je dois vous annoncer d’emblée que je n’ai pas beaucoup apprécié Phantasm. D’ailleurs, après visionnement de la bête, je n’arrive pas à comprendre le culte qui s’est forgé autour de cette œuvre tant ça me paraît improbable pour un tel film. Loin du chef-d’œuvre de terreur absolue auquel je m’attendais, je dois tout de même reconnaître qu’il s’agit d’un film sympathique, mais qui n’est de toute évidence pas à ranger aux côtés d’oeuvres telles que Massacre à la Tronçonneuse, ou encore L’Exorciste, qui elles pour le coup sont de véritables petit bijou en matière de terreur cinématographique. Avant d’attaquer sur les aspects négatifs du film, je vais d’abord me concentrer sur ses points positifs. Car oui il y en a et heureusement, à commencer par son scénario. Avec son personnage de croque-mort déterrant les cadavres pour une raison que je me garderai de dévoiler pour ne pas vous gâcher le plaisir, Coscarelli peut se vanter d’offrir une histoire originale tout en abordant des thèmes aussi intéressants que la mort, l’acceptation de la perte d’un être cher, ou encore les peurs enfantines. Des thèmes représentés par des personnages forts, dont celui du « Tall Man », interprété avec beaucoup de charisme par Angus Scrimm, et qui n’est pas sans rappeler le personnage du révérend Kane des second et dernier épisodes de Poltergeist sortis quelques années plus tard. Un personnage terrifiant qui obtiendra ses galons de croque-mitaine dans les suites de la saga, au même titre qu’un Freddy ou qu’un Jason, en beaucoup moins populaire bien sûr.

Des thèmes donc plus ou moins bien traités dans l’ensemble -qui prendront d’ailleurs tout leur sens dans un final inattendue et libre d’interprétation-, mais qui malheureusement se voient affublés d’une mise en scène et d’un montage pas vraiment à la hauteur. La mise en scène est si plate que la majorité des scènes d’angoisse tombent à plat ou perdent de leur intensité. L’apparition de la boule perforeuse de crâne en est le parfait exemple. Alors qu’elle aurait été mythique aux mains d’un autre réalisateur car partant quand même d’une bonne idée (imaginez ce que Sam Raimi aurait pu tirer de cet outil génial !), Coscarelli rend la scène appréciable mais pas inoubliable. Le film regorge également de scènes imbriquées dans d’autres et qui n’ont pour la plupart aucun sens ou ne sont pas du tout justifiées dans le récit. Bien que ceci renforce le côté onirique fort réussi qui se détache de l’œuvre, onirisme qui plus est magnifié par une musique envoutante restant dans les esprits même une fois le générique de fin terminé, on ne peut qu’être dérouté par ce procédé et se sentir fortement en retrait par rapport à l’histoire. Un peu comme si vous regardiez quelqu’un jouer à un jeu vidéo. Vous suivez ce qui se déroule sur l’écran mais vous ne pouvez vous empêcher de regarder vos ongles car vous vous ennuyez royalement ! Et dire qu’à la base le montage final du film s’étendait sur une durée de trois heures, je n’ose imaginer le calvaire. Fort heureusement, et dans un souci d’ « efficacité », Coscarelli décida de réduire son métrage de moitié, ce qui lui permettra par ailleurs de récupérer quelques une de ces scènes coupées pour les besoins du quatrième opus de la saga. Ajoutez à tout cela des éléments frisant le ridicule -des nains tout droit sortis de Star Wars plus rigolos qu’effrayants, une « mouche » mutante de mauvais goût, ou encore le fait que les protagonistes passent leur temps à se séparer, puis se retrouver, pour mieux se séparer ensuite-, et on atteint là le summum du supportable.

En résumé, un avis plutôt mitigé pour un film pas vraiment indispensable selon moi, mais qui possède quand même certaines qualités qui en font un film à voir malgré tout, ne serait-ce que pour se forger sa propre opinion. Et puis Phantasm aura au moins eu le mérite de m’avoir fait découvrir une mythologie très intéressante autour du « Tall Man », surtout à travers sa suite, bien meilleure que son prédécesseur, et peut-être même le meilleur épisode de la saga tout simplement !!!

INTERPRETATION


HISTOIRE


GORE


ANGOISSE


DIVERTISSANT


AVIS PERSONNEL