Nombre de messages : 9527 Age : 40 Localisation : derrière un ordinateur. Points : 7092 Date d'inscription : 03/09/2008
Sujet: ONCE UPON TIME...IN HOLLYWOOD (2019) Sam 11 Jan - 0:37
Réalisé par Quentin Tarantino Avec : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino... Film Américain Genre : films d'exploitation de tous les genres. Durée : 2H41 min. Année de sortie en salles : 2019.
SYNOPSIS
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
Il est temps de flinguer des putains d'enculés de hippies !
Je me souviens de la première fois que j'ai vu le trailer. J'étais perplexe. Je ne reconnaissais même pas la patte de QT. Sûr que quitter Miramax à cause de l'affaire Weinstein, a dû être un impact fort pour Tarantino. Le second trailer me donna plus de chaleur mais la douche avait été glacée. Je ne l'ai même pas vu en salles, le coeur n'y était pas. Une première pour moi alors qu'en principe, je fonce voir tous les Tarantino au cinéma. Non ma découverte du film --- après avoir reçu un flot d'avis négatifs sur le film de la part d'amis journalistes ciné, ne m'incitaient pas à m'y pencher. Pour être honnête, c'est le prix du blu-ray à 20 balles chez le commerçant Breton qui m'a forcé à le prendre et le voir.
Je dois avouer que la première vision d'Once Upon time...in Hollywood ne m'a pas ému plus que ça. Je reconnaissais au film une imagerie superbe, une photographie magnifique, des références à fond, des parodies bienvenues, des moments gênants -- Non ! Pas la scène de Bruce Lee mais la découverte de . Ainsi que des passages réussis et un final hilarant très jouissif. À la fin du film, j'avais été surpris que le film passe plutôt bien pour une durée de 2H30 alors qu'il n'y a que peu de scènes avec du conflit majeur. C'est un des principaux défaut du film, ce manque de conflit car cela crée un rythme où le spectateur s'y emmerde. Être obligé d'attendre le climax Tarantino pur jus, c'est long, trop long. J'avais surtout une question obsédante à l'esprit : "Mais qu'est-ce qu'il a voulu dire ?"
Rick, on va refaire une prise ! Silence plateau...Moteur...ça tourne ! Et... Action !
J'ai eu la bonne idée de montrer ce film à mon père. Grand amateur de westerns, il aime grosso modo le cinéma de Tarantino. J'ai commis le crime de le mettre dans cette horrible version doublée française.
Cette seconde vision me fit réhausser le film vers le haut. Je trouvais qu'il y avait plus de profondeur. Si j'avais bien vu le fait que l'industrie du cinéma en 69 était sur le déclin, je n'arrivais pas à bien cerner à quoi il était opposé. Le nouveau cinéma était européen mais QT s'attarde sur le quotidien de Rick Dalton et de Cliff Booth. Rien qui soit clair dans la menace qui les nuit. Tantôt c'est la loi du showbizz, tantôt c'est les hippies... surtout les hippies mais il y a peu de scènes où nos protagonistes sont confrontés à eux. D'ailleurs, les meilleures scènes du film, sont celles avec les hippies.
Mon père apprécia le film.
Rick, je vais te dire un secret. Tout le sens du film est caché dans les hippies. Je te préfère à eux !
"Le mouvement hippie est un courant de contre-culture apparu dans les années 1960 aux États-Unis, avant de se diffuser dans le reste du monde occidental. Les hippies, issus en grande partie de la jeunesse nombreuse du baby boom de l'après-guerre, rejetaientles valeurs traditionnelles, le mode de vie de la génération de leurs parents et la société de consommation. L'ouverture à d'autres cultures, un besoin d'émancipation, la recherche de nouvelles perceptions sensorielles et d'états de conscience modifiés, les amenèrent aux expressions artistiques du psychédélisme. Dans leurs communautés, ils espéraient vivre librement, dans des rapports humains qu'ils voulaient plus authentiques. En rupture avec les normes des générations précédentes, le mouvement a eu une influence culturelle majeure, en particulier dans le domaine musical. La diffusion d'une partie des valeurs issues de ce courant a accéléré l'évolution des mœurs de la société occidentale dans son ensemble, même si le mouvement lui-même a perdu progressivement son ampleur." -- Wikipédia.
QT nous parle d'une industrie du cinéma traditionnelle qui est sur le déclin à cause de l'idéologie hippie, celle qui détruit les valeurs traditionnelles et ses conventions, celle qui rejette le mode de vie de consommation. Voilà le vrai conflit du film ! Son message devient clair : notre cinéma traditionnel que l'on aime est dézingué par le cynéma (mélange de cynisme et cinéma pour les oeuvres) actuel avec les blockbusters de chez Disney ou de super-héros de chez Warner Bros.
Et là, tout devient clair !
Qui mieux que QT pour dire à la jeune génération que le cinéma traditionnel qui crève où Scorsese et Coppola hurlent à ce sujet, doit être sauvé et reconsidéré. Aussi bien pour les professionnels du cinéma mais aussi et surtout pour les spectateurs. À nous, de revoir les films à papa. Découvrir la solidité de leur structure, la validité du génie des maîtres du cinéma, des pionniers qui n'étaient souvent que de simples artisans, payés une misère pour divertir le monde. (à ce sujet, je vous recommande le magnifique ouvrage qu'est La Parade est passée...).
Ainsi, la scène avec Bruce Lee qui a fait polémique fait plus ou moins sens. Cliff Booth incarne dans le film la révolte de ce cinéma traditionnel de l'époque et Bruce Lee, qui est un étranger et qui a déjà une aura du succès de cinéma traditionnel Hong-Kongais dans la connaissance commune du spectateur est perçu par Cliff comme une menace de destruction de cinéma. Booth pense alors qu'il a "l'esprit hippie" car la culture asiatique diffère de celle occidentale et à cet instant, Tarantino nous parle de contre-culture. Or, dans ce combat, Booth et Bruce réalise qu'en fait, ils sont sur la même longueur d'onde en terme de sauvegarde de tradition. Dans cette scène, QT a eu une audace folle de porter sur les épaules de Bruce Lee l'idéologie hippie avant de rétablir à l'épilogue de la scène, que Bruce et Cliff sont dans le fond des amis. En effet, l'idéologie hippie balancé sur une représentation des valeurs de consommation et traditionnelle de l'Amérique -- SES voitures, Bruce se relève et on a le Bruce Lee restauré que l'on connaît.
C'est aussi "l'esprit hippie" que QT combat avec la gamine qui lit Walt Disney le traitant de génie en faisant écho à son cinéma actuel. En effet, Disney est un génie mais dans sa définition démoniaque et non pas de "dieu tout puissant" qui pond que des chef-d'oeuvres.
La profession de foi de QT, est donc du début du film jusqu'à la fin de défendre bec et ongle le cinéma traditionnel d'exploitation qui pour une grande partie générationnelle qui ont vécu ou grandi dans les vidéoclubs (comme je le suis et QT aussi) et qui ont la nostalgie de ce cinéma-là, le comparant avec l'actuel. Il faut bien justifier pour un message aussi fort, trouver un cadre qui justifie une telle histoire. QT a trouvé des similitudes dans l'industrie du cinéma hollywoodien de l'année 69 qui est à la fois très cher à son coeur mais aussi lui permettant de justifier par la simple présence de Charles Manson.
Alors que tout le monde se reposait sur la connaissance commune en voyant le 9ème film de Tarantino, surtout pour la mort de Sharon Tate par Charles Manson, le but de Tarantino était de la sauver, non pas l'actrice en tant que personne qui a eu une fin horrible, mais la représentation d'une figure mythique d'un cinéma traditionnel qui, même si on a oublié ses films, nous savons tous qui elle est. C'est là, que la notion de conte prend sa pleine signification.
Il était une fois, dans Hollywood, un geek de cinéma, chevalier de la pellicule et de ses nobles traditions qui part lutter contre l'Empire maléfique qui détruit la fabrication des films et pervertie les spectateurs à en perdre leur conscience et leur racine. Il finira par une note d'espoir, qu'en sauvant la Princesse qu'est la Magie du Cinéma et non du Cynéma, ce monde merveilleux qu'est Hollywood, le royaume qui fabrique les rêves, finira la fin de sa vie par des jours heureux.
C'est là, toute la véritable histoire d'Once upon time...in Hollywood
"Merci les enfants." -- Quentin Tarantino.
Ma note : 18/20.
INTERPRÉTATION
Tous sont géniaux en VO. Même le regretté Luke Perry.
HISTOIRE
Je ne parle pas du sens mais de ce que l'on voit à l'écran. Ça manque de rythme de façon cruelle !
VIOLENCE
Pour son final jouissif.
SFX
Une tuerie ! Aussi bien les inserts de DiCaprio dans des films populaires que les effets gore.
DIVERTISSANT
Le film passe bien avec une bouteille de Whisky mais son manque de rythme peut-être pénible pour les hippies sous l'influence de la drogue.
AVIS PERSONNEL
Ce film est grand, beau, puissant, plein de sens. Un des meilleurs de 2019. La plus belle déclaration d'amour au cinéma. Il ne se laisse pas conquérir facilement et comme toujours avec Tarantino, si tu le laisses s'occuper de toi et si là, pour une fois, tu fais l'effort de s'occuper de lui, tu es gratifié d'une immense générosité.
PHOTOS
"Putain, elle est belle sa chronique !" Rick.
TRAILER
Jericho
Nombre de messages : 6507 Age : 33 Localisation : Lille Points : 5750 Date d'inscription : 13/07/2008
Sujet: Re: ONCE UPON TIME...IN HOLLYWOOD (2019) Sam 26 Juin - 14:28
Ça a été un gros coup de cœur pour moi aussi. Je ne l'ai vu qu'une fois au cinéma et une fois en Blu-ray car il est assez long mais j'ai toujours passé un bon moment. J'avais beaucoup aimé le précédent film de Tarantino aussi.