Georges Franju est un réalisateur français, né le 12 avril 1912 à Fougères, et décédé le 5 novembre 1987 à Paris.
Il débuta sa carrière comme décorateur de théâtre, puis rencontra Henri Langlois avec lequel il participe à la création de la Cinémathèque française en 1936.
Georges Franju se fait connaître avec des courts métrages documentaires, d'un réalisme sans concession comme Le Sang des bêtes, sur le monde des abattoirs ( que j’ai vu et qui est vraiment horrible ).
On retrouve ce style de mise en scène froide à l’intérieur de ses long métrages comme dans La Tête contre les murs, qui se déroule dans un asile psychiatrique.
Dans certaines scènes, Franju semble capter une réalité autant qu'il la représente. À cette esthétique glaciale se mêle pourtant une réelle poésie.
Il réalisera au total 8 longs métrages, Une dizaines de courts et travaillera sur 13 projets pour la télévision.
· 1958 : La Tête contre les murs
· 1959 : Les Yeux sans visage
· 1961 : Pleins feux sur l'assassin
· 1962 : Thérèse Desqueyroux
· 1963 : Judex
· 1965 : Thomas l'imposteur
· 1970 : La Faute de l'abbé Mouret
· 1974 : Nuits rouges
En 1959, il réalise un film mêlant épouvante, séquences gores et atmosphère poétique avec "Les Yeux sans Visage", qui se révèle encore aujourd’hui une œuvre référence du cinéma d’horreur français.
Il y aura 2 remakes, un en 1968 de Robert Hartford-Davis et un autre en 1988, réalisé par Jess Franco.
Le film sort le 2 mars 1960 et sera interdit aux moins de 16 ans.
Le scénario est écrit par Pierre Boileau, Pierre Gascar, Thomas Narcejac et Claude Sautet, d'après le roman de Jean Redon
· Musique : Maurice Jarre
· Photographie : Eugen Schüfftan
· Effets spéciaux : Henri Assoula
· Maquillage : Georges Klein
· Durée : 88 minutes
Avec : Pierre Brasseur et Alida Valli qui étaient des acteurs très connus de l’époque, et avec également Edith Scob qui a été révélée grâce à ce film.
A sa sortie, il connaît en France un succès public moyen et un accueil de la critique pas vraiment enthousiaste, il fit même scandale particulièrement dans la presse britannique, trouvant le film ‘‘nauséabond’’.
Lors des projections, plusieurs spectateurs durent être réanimés après évanouissement, et ce n’est qu’en 1986 lors d’une seconde sortie du film que son statut dans l'histoire du cinéma français a commencé à être réévalué.
Son film était donc trop avant-gardiste pour l’époque, mais est aujourd’hui considéré à sa juste valeur comme un chef d’œuvre qui bien sûr à vieilli ; mais qui garde encore toute son atmosphère magique et glauque.
Synopsis :
Le Docteur Genessier, expert en chirurgie, est prêt à tout pour redonner un visage à sa fille, qui fut défigurée dans un accident de voiture dont son père est involontairement responsable.
Il fait alors passer sa fille pour morte et organise des kidnapping de jeunes femmes avec l’aide de son assistante.
Une fois capturées, il procède à une opération qui consiste à découper la peau des visages puis à la greffer sur celui de sa fille.
Mais, plusieurs opérations échouant, les disparitions se font plus nombreuses et la police finie par être sur ses traces…Le film débute sur une scène montrant une femme au volant d’une voiture sur une route de campagne en pleine nuit. On nous laisse apercevoir sur le siège arrière un corps immobile.
Puis la voiture s’arrête près d’un barrage et la femme s’empare du corps, le jetant dans l’eau.
Cela sur une musique montrant toute l’angoisse de la conductrice, installant directement une ambiance sombre et malsaine.
Pourtant, c'est la poésie et non l'horreur qui marque le plus lorsque l'on ressort de la projection ; à l’image du thème du film, mélodie plutôt inhabituelle pour un film de genre, puisque rempli d’enthousiasme, de légèreté et de douceur, musique correspondante au personnage de Christiane, on peut l’entendre d’ailleurs à chaque fois qu’elle apparaît à l’écran.
Il est aussi question dans le film de la justification du Mal.
Les pires crimes peuvent ils être justifiés par des principes moraux tels que l’amour ?
C'est à la fois la folie et l'affection d'un père pour sa fille, la peur et la haine d'une fille pour son père. C'est l'aveuglement d'un couple ( Le docteur Genessier et son assistante ) face à la recherche et à la gloire.
On sent que la réalisation de Franju est parfaitement maitrisée et le film fidèle à son titre : en effet que ce soit Christiane avec son masque blanc, la jeune victime avec ses bandelettes ou le Docteur Genessier avec son masque de chirurgien, le visage des acteurs est souvent caché et toute l’émotion ou le trouble des personnages ne s'expriment que par leurs regards.
On aborde aussi le thème de la différence et de la peur de soi-même vécue par Christiane.
La dissimulation de l'horreur jamais montrée favorise le travail imaginaire du spectateur qui va y projeter ses propres représentations de l'insoutenable.
Pourtant, à un moment du film ; Franju va quitter cette politique de dissimulation en tournant une scène gore à la limite du soutenable, montrant le Docteur Genessier retirer la peau du visage du cobaye humain à l’aide d’un scalpel.
La scène est exposée sans ellipse, et tout les détails de l’opération sont montrés.
Tout d’abords le contour du visage dessiné au crayon, ensuite le découpage au scalpel, la goutte de sang qui perle sur le menton vite essuyée, l'arrachage du visage proprement dit ; et surtout les plans fugitifs et flous de la tête défigurée sur laquelle on n'a pas encore remis de visage.
L’absence totale de musique de fond fait ressentir un profond malaise au spectateur.
On voit le médecin demander une dizaines d’objets chirurgicaux à son assistante, ce qui donne un caractère interminable à la séquence et nous scotche sur l’écran durant toute la durée de l’opération.
Mais à partir de cette scène on peut noter une baisse de rythme et on voit par moment l’ennui nous guetter au fur et à mesure que le film avance.
Pour le résumer en deux mots, on peut dire que malgré quelques longueurs ( surtout lors des scènes de l’enquête policière au finale assez inutile ), l’ambiance poétique et l’interprétation exceptionnelle des acteurs en font un film unique et admirable.
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